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Rachel Monnat / Accrosens

Rachel Monnat / Accrosens

Parler de la vie, de la sexualité...


Préservatif et confiance... sont-ils compatibles?

Publié par Rachel Monnat sur 11 Juillet 2017, 18:28pm

Catégories : #sexualite, #livres

Peinture: Jacques Vettriano

Peinture: Jacques Vettriano

Dans les cours d’éducation sexuelle, j’ai été driblée aux préservatifs en prévention des MST (maladie sexuellement transmissible).
Le sida et autres MST ont bien diminué, mais actuellement c’est en train de réaugmenter dans nos pays.

Ma génération, avec l’apparition du sida, avait « peur », mais en discutant avec la nouvelle génération, ils sont moins préservatifs, ils y accordent moins d’importance. Et pourtant tout le monde a déroulé un préservatif aux cours d’éducation sexuelle. J’imaginais que c’était peut-être dû à la diminution de la peur et à une meilleure qualité de vie des personnes atteintes du HIV…

J’ai été surprise de l’avis de Thérèse Hargot dans son livre « Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) ». Elle dit qu’elle trouve scandaleux que l’on soit autant conditionné aux préservatifs, car il signifie que l’on se méfie de l’autre, qu’on n’a pas confiance en lui et qu’on veut « se protéger ». Alors quand dans l’amour, on veut justement se donner à l’autre dans la confiance.
On pense qu’en apprenant à mettre un préservatif les jeunes l’utiliseront d’office… et ce n’est pas le cas ! Donc, il y a une mauvaise communication. Elle trouve qu’on infantilise les jeunes à leur apprendre à mettre un préservatif, on ne les rend pas responsables alors qu’ils sont assez grands pour lire un mode d’emploi.

Pour Thèrese Hargot, le problème provient qu’on banalise l’acte physique et on l’enlève du sentiment amoureux. Si l’acte sexuel est détaché d’amour, alors la personne utilisera le préservatif sans problème, mais s’il y a de l’amour, il n’y a pas de volonté à se protéger, car on veut donner sa confiance à l’autre et justement pas le rendre suspect.

Elle se demande aussi si en faisant une trop grande prévention pour le préservatif, on n’est pas en train d’insister les jeunes à avoir des relations sexuelles plus rapidement que prévu, car on banalise.
On nous fait dire que le préservatif est le meilleur moyen. Mais Thèrèse dit qu’on devrait dire :

L’honnêteté serait d’inscrire : « Après l’abstinence et la fidélité, le préservatif est la meilleure protection »

Si je parle de mon expérience, J’ai remarqué que ce n’est pas évident de demander aux partenaires de mettre le préservatif, car ce n’est pas toujours bien reçu. Des hommes m’ont dit qu’il n’y avait pas besoin de préservatif, car ils me faisaient confiance, ils voyaient bien que je n’étais pas malade. Mais rien que le fait de dire cela me surprend et ne me donnait pas confiance en eux… car s’ils me disent cela, c’est qu’ils doivent faire sans préservatif avec d’autres partenaires…  Il y a très peu d’hommes qui utilisent le préservatif sans discussion. J’ai entendu que beaucoup de personnes et aussi des femmes ne désirent pas l’utiliser, car ce n’est pas la même chose et on se dit que c’est ok… Je ne parle pas d’une relation amoureuse, mais parfois juste d’un partenaire d’un soir…
On parle toujours du Sida et on oublie toutes les autres MST… comme s’il avait moins d’importance, alors que ce n’est pas le cas…
J’avoue parfois être choquée de ce que j’entends autour de moi.

La peur a progressivement envahi la sexualité. On parlait « préservatif » dans la cour de récréation. On nous a appris à nous méfier des autres, mais au fond, il y a un truc qui clochait. La culture dans laquelle nous avons grandi ne répondait pas à notre désir le plus profond : celui d’aimer et d’être aimée entièrement. « On nous parle des risques, sans nous parler d’amour », disait un jour Pauline du haut de ses 17 ans.

Pour Thèrèse, la solution est vraiment de parler de l’importance de son corps, de parler de l’amour dans les cours d’éducation sexuelle, de rendre la personne responsable et de se poser ces questions pour en venir à parler des moyens :

Quel est le statut que l’on accorde au corps, le sien et celui de l’autre ? N’est-ce qu’une enveloppe extérieure ? Quelle est sa valeur ? Est-ce que mon corps, c’est moi ? Quel est le sens de mes gestes ? Ce que je fais avec mon corps a-t-il une influence sur mes affects et mon esprit ? A qui dois-je donner la priorité : à mes pulsions ou à ma raison ? Pourquoi mon corps et mon esprit ne sont pas toujours d’accord ?
Répondre à la question : « pour quoi » ou « pour qui » prendre soin de son corps ?

Enfin dans un dernier temps, nous pouvons discuter des moyens à mettre en œuvre : c’est la question du comment.

J’aime bien cette phrase qu’ajoute Thérèse Hargot, qui donne une vue positive. Car tout questionnement nous pousse de l’avant :

Le drame des maladies sexuellement transmissibles nous oblige à nous poser ces questions profondes sur le sens du corps, et c’est une chance, vraiment.

Je pense qu’effectivement, on a banalisé l’acte amoureux au lieu de le sublimer.
Et rendre attentif de la responsabilité de chacun de ses propres actes. Je dis toujours, quand il y a un désir très fort ou quand il y a de l’alcool, quand il n’y a pas de préservatif à disposition… au lieu de craquer… pensons toujours qu’il y a un lendemain… pour éviter des regrets qui durent bien plus longtemps que ces quelques minutes de la veille…

La patience c’est juste désirer plus longuement… c’est encore mieux, non ?

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