Auto-point de vue "Le sexe de la modèle"

Pour mon deuxième spectacle, j’entends encore beaucoup le lien avec le côté «érotique».

Même si pour le premier spectacle «Rachel et ses amants» il y a avait un numéro de danse finale, cela restait pour moi, un clin d’œil, une danse où je m’amusais à enlever mes habits, en étant femme avec un côté enfantin… Une petite cerise sur le gâteau offerte aux femmes… car j’aurais voulu regarder une femme se déshabiller… pour savoir comment faire.

«Le sexe de la modèle» parle d’un métier peu connu, le métier de modèle, celle des peintres, des dessinateurs, des sculpteurs… Un métier que j’exerce encore actuellement.

Quand je parle de ce métier, on me dit :

• Nue ?
• Oui !
• Ah… (Avec un air béat…)
  
  Je me pose, du coup, la question si tous les êtres humains sont réellement nus sous leurs habits ? Si tous les êtres humains sont nus en prenant leur douche ?
  
  Des fois, je me dis que je dois être peut-être anormale.
  
  On peut parler de la nudité en étant habillé.
  On danse souvent nu en danse contemporaine.
  
  L’envie s’est imposée à parler de la nudité en étant nue, l’impact est là, sans artifice, c’est concret. J’y ai mêlé un métier où la nudité est normale, accepté où il n’y a pas d’érotisme.
  
  Pourquoi dessiner du nu ? Le corps est très complexe à dessiner. Chaque corps, chaque pose sont uniques. Il n’y a pas de mémoire du corps… il n’y a que de l’observation.
  
  Dans le spectacle, le public est emmené à regarder, à observer un corps comme à la place d’un peintre. En même temps, il suit les émotions d’une modèle, et son questionnement en étant nue, immobile, disponible…
  
  Et me diriez-vous, si je faisais 20 kilos de plus ? Le spectacle aurait exactement la même valeur.
  
  Toutes les femmes et tous les hommes ont leur place comme modèle, pour elle, pour lui, pour leur conjoint, pour le peintre, le photographe,...
  
  J’espère que ce spectacle donnera l’envie à chacun et chacune de s’observer en rentrant chez eux, de se regarder dans une grande glace en pied, de s’observer sans jugement, de remercier le corps qu’on a reçu pour notre passage sur terre, d’en être fière, de lui promettre d’en prendre soin pour les années qu’ils nous restent à s’accompagner… moi et mon corps.