Cela fait toujours un grand plaisir de recevoir des retours spontanés de mes livres, dont la majorité sont des personnes que je ne connais pas. En voilà quelques-uns concernant le roman "L'intouchable nudité", un roman autour de l'art, à travers les pensées de la modèle qui pose, immobile.
Le mot de Sylvain Porete
C’est un roman à nul autre pareil.
Il est le premier à décrire le métier de modèle avec autant de réalisme, de précision dans l’évocation de l’envers du décor, tout en contenant une foule d’autres éléments.
Sa structure, à la chronologie éclatée, est rythmée par les différentes poses devant les artistes.
Tout n’est pas rose dans ce roman, pourtant il y baigne une légèreté et un humour latent qui nous force à avaler le tout, ombres et lumières, avec décontraction.
On y rencontre des vies, des amitiés, des amours ; on fait connaissance avec l’activité de modèle dans son intimité la plus banale, dans des circonstances les plus cocasses, vaudevillesques ou pénibles. On pénètre dans l’enseignement si varié du dessin, de la peinture et de la sculpture.
Le modèle (ou plutôt la modèle) médite sur son socle en nous faisant partager les vagabondages de son esprit : inquiétudes, souvenirs, espoirs à propos de sujets graves ou audacieux. Elle disserte avec une candide insolence, un humour déjanté, à l’aide d’une ironie parfois percutante sur le temps qui passe, les relations humaines, l’épanouissement personnel, le travail d’infirmière, l’écologie, les tensions familiales, la sensualité, la sexualité, la nudité. Ce sont comme des sketches insérés dans l’action du personnage, entre diatribes et leçons de sagesse, délires cocasses, révoltes, situations heureuses ou ridicules qui sont de véritables morceaux d’anthologie.
Les poses permettent de passer facilement d’un sujet, d’une préoccupation, d’un intérêt à l’autre, quitte à y revenir plus tard, par surprise.
Le livre va ainsi en crescendo, car il s’agit d’un roman, ne l’oublions pas, avec son suspense, son secret et ses personnages. Petit à petit la trame se noue, le puzzle se construit pièce par pièce jusqu’à la scène finale.
Peut-être enviera-t-on Orianne d’avoir suscité des amitiés aussi solides que celle de Nathalie, femme épanouie ; ou de Paul, le sage ; ou de Jules César lui-même, le conquérant !
Peut-être enviera-t-on Orianne, son audace, son naturel, sa verve, sa gouaille.
Bien qu’envier n’est pas sagesse !
Le mot d’Alain Frauchiger
Modèle pour les peintres et les sculpteurs, c’est un métier, ça ? Eh bien oui, et Rachel Monnat le prouve de la plus belle des manières, en nous entraînant dans son parcours. Car le lecteur n’est pas dupe très longtemps, il comprend assez rapidement que les expériences et pensées relatées par le personnage principal se confondent en bonne partie avec celles de l’auteur. Surtout, on prend conscience qu’un modèle, ce n’est pas juste l’équivalent vivant d’une fleur ou d’une grappe de raisin ornant une nature morte. Il s’agit d’une personne, avec tout ce que cela implique : une vie, des pensées, des émotions, des avis… Et c’est là tout le talent de Rachel Monnat, qui nous invite à partager de manière très intime ce qui se passe dans la tête de son personnage, au fil de poses diverses et variées, y compris quelques délires historico-philosophiques avec un personnage légendaire inattendu. L’intrigue, quant à elle, nous emmène dans la quête de la vérité autour d’un membre de la famille dont on a tu le destin, inavouable aux yeux de la « bonne société ». Tout cela dans un style d’écriture proche de la langue orale ou de la pensée, truffé de dialogues, laissant parfois la place à la confusion propre aux réflexions qui s’égarent… Bref, un langage vrai ! J’ai beaucoup aimé cet instant de vérité, au sujet d’une profession méconnue, avec des prises de position souvent intéressantes et pertinentes. Ce livre est une véritable petite gourmandise, qui, comme un bon vin, procure diverses saveurs, pendant et après la lecture.
La quatrième de couverture: