Un de mes sujets, comme vous avez pu le constater, est la sexualité. J’en parle comme un épanouissement que cela soit physique ou spirituel…
Dans mon parcours, j’ai eu besoin de découvrir le plaisir physique pour comprendre que le plaisir est surtout spirituel… ce plaisir qui amène une façon de sentir être. Et donc, si le plaisir est spirituel, alors la sexualité n’est pas primordiale…
Comme illustration, un extrait de mon livre « Un jour, j’ai jailli » :
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Dans le livre L’amour sans le faire de Geraldin Levi Joosten-van Vilsteren[1], l’auteur raconte l’histoire de son malaise face à la sexualité jusqu’à ce qu’elle découvre les « non-libidoïstes ». Ce sont des personnes (hommes et femmes) nées sans libido, qui n’éprouvent aucune envie de se masturber, qui ne ressentent aucun plaisir sexuel et dont les parties génitales sont très vite irritées. Elles sont nées ainsi, c’est comme ça. Pour être en couple, elles doivent rencontrer un partenaire qui accepte qu’il n’y ait jamais de pénétration.
Si j’avais lu ce livre avant mes vingt-huit ans, j’aurais été déprimée en me disant que j’étais « non-libidoïste », car j’avais tous ces symptômes.
Cependant, en lisant les différents témoignages, j’ai l’impression qu’il y a une réticence, voire un écœurement pour entrer en contact avec son propre corps et son sexe. L’auteur parle aussi d’angoisse d’aller chez le gynécologue.
Pour ma part, si une personne n’a aucune libido, pourquoi est-ce qu’elle manifesterait plus d’embarras de montrer son sexe plutôt que de montrer sa jambe à un médecin? Si cela provoque une gêne, n’est-ce pas le début de l’intimité ? Et s’il y a de l’intimité, n’est-ce pas les prémices de la libido ?
On semble vouloir décrire des symptômes précis d’un domaine vaste, riche en émotions et différent pour chacun d’entre nous. Je me demande si le fait de se dire « non-libidoïste » n’est pas une façon de se rassurer, afin de ne plus se poser de questions, de ne plus écouter son corps et de classer l’affaire. De plus, ça impose le respect de dire qu’on est atteint d’une « pathologie ».
Et si le lendemain, les choses changeaient ?
Certaines personnes vivent sans sexualité. Elles mettent cela de côté et préfèrent leur vie ainsi, par choix. Elles vivent d’autres plaisirs dans la vie. Ces personnes, généralement, se taisent, car elles n’ont pas envie de recevoir des commentaires ou des conseils.
Quand je dis que je n’ai pas eu d’orgasme jusqu’à mes vingt-huit ans, on me regarde avec étonnement, comme si j’étais une extra-terrestre. Pourtant, plusieurs femmes se sont confiées en me disant qu’elles ont vécu leurs premières jouissances très tardivement ou ne l’ont pas encore connue. C’est courant, mais caché.
On prône la femme libérée, la masturbation, l’orgasme,l’épanouissement. On publie des articles : « Comment jouir ? », c’est devenu une mode de prodiguer des conseils, par cinq-dix-quinze remarques « percutantes ». Ça semble rassurant de les cocher une à une…
Mais la sexualité, ce n’est ni des méthodes, ni des théories rationnelles. La sexualité c’est un ressenti, une écoute. Pour chacun, c’est différent. Il n’y a rien à façonner.
Je ne pense pas qu’on puisse naître sans libido, le fait de sentir le plaisir en mangeant un bon repas, c’est déjà un plaisir du corps ! L’approche n’est pas directement sexuelle, mais elle en fait partie. La sexualité n’est pas focalisée sur la partie de l’entrejambe, elle englobe tout le corps. Un bon whisky est jouissif pour les papilles, mais aussi pour le ventre et cela se diffuse. On peut sentir le bienfait d’un massage du pied en le laissant se propager dans la jambe et le corps. C’est la détente qui permet de se laisser envahir par le bien-être.
La libido, la sexualité sont à chaque fois des moments uniques. Ce ne sera jamais deux fois la même chose. Pour faire l’amour en toute conscience, on parle de « slow sex ». Je suis contre le fait d’affubler d’une terminologie quelque chose qui me paraît naturel et essentiel ! Cependant, j’aime le fait de mettre l’accent sur la lenteur afin de ressentir et d’inculquer que rien n’est faux, tout est juste. La sexualité est un ensemble de sensations, mais ce n’est ni une érection, ni un orgasme.
Access Consciousness[2]– des outils qui permettent de créer plus de conscience et de bonheur dans sa vie –nomme la « sexualness[3] », cette énergie orgasmique de joie, de création, d’expansion en dehors d’une relation sexuelle. On peut l’activer à tout moment. C’est orgasmique de goûter un aliment qu’on ressent à travers nos cellules, c’est orgasmique de dévaler une pente et d’en rire, c’est orgasmique de sentir le soleil sur la peau et de s’en trouver béni. Et la vie n’en devient que plus légère…
Qu’on vive une sexualité sans orgasme ou qu’on vive la jouissance à tout instant… Finalement, l’importance est de ressentir son être, de vivre, de goûter, de déguster chaque plaisir ! Le fait d’y être attentif décuplera l’extase qui se répercutera davantage dans notre vie et dans notre corps.
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Extrait de "Un jour, j'ai jailli", p.160-163
[1] LEVI JOOSTEN-VAN VILSTEREN Geraldin : L’amour sans le faire, comment vivre sans libido dans un monde où le sexe est partout ? Essai. Favre, Lausanne, 2005
[2] Access Consciousness. [En ligne]. USA, Texas, 2006 (mis à jour 2020). Disponible : www.accessconsciousness.com
[3] Dr HEER, Dain : Sois toi et change le monde. Essai. Le courrier Du Livre, Paris, 2013, p.181