Je profite du confinement pour me remettre au chant et sortir quelques morceaux du placard !
Après une petite sous Facebook, je partage l’histoire ici :
C’est un chant de marins de 1853 : « Oleanna ». Les paroles sont en vieux norvégien de l’époque où la Norvège était envahie par le Danemark, donc il y a aussi des mots de danois.
Comment j’ai connu ce chant ?
J’ai navigué trois semaines avec le voilier « L’Europa » depuis les Açores jusqu’en Norvège en 2018. Nous étions 60 à naviguer sur ce bateau-école néerlandais de 1911. Nous sommes arrivés pour le « Tall Ship Races » à Stavanger où une centaine de voiliers était réunie ! Différentes activités étaient proposées pour les marins, dont un workshop de « sea shanties », des chants marins. Nous avons eu un prof exceptionnel, dynamique et nous avons passé un merveilleux moment ! Cela m’a rappelé des souvenirs, car on m’avait offert un livre/CD de chants marins quand j’étais adolescente ! Je suis repartie en achetant le CD du groupe de notre prof « Storm Weather Shanty Choir » et j’ai craqué entre autres pour « Oleanna ». J’ai commencé à l’apprendre en me disant que j’aimerais bien rencontrer un norvégien qui pourrait m’enseigner la prononciation. Un mois après, en buvant un verre dans un bar à vin dans ma petite ville en Suisse, j’entends parler anglais et je fais la connaissance d’un norvégien de Stavanger qui habite en Suisse, dans ma ville, depuis quelques années !
Pourquoi des chants de marins ?
Le travail est très physique sur les voiliers. Le chant permet de s’entraîner, de donner la cadence, le rythme et de donner plus d’énergie et de force. Il y a des chants à hisser les voiles et ce ne sera pas les mêmes chants si on hisse le « grand perroquet » ou « le foc » il y a des chants à hisser « à grands coups », « à courir » ou « main sur main ». « Main sur main » étant, par exemple, un chant à rythme rapide. Après il existe des chants pour « haler », amener le bateau au port, des chants « à virer », pour « ramer » ou encore des chants de fêtes. Comme on est isolé du monde, le chant ragaillardit les membres de l’équipage et donne le côté festif et positif !
Il y a une personne qui chante un couplet et les autres répondent. Celui qui mène le chant peut à loisir improviser. La hiérarchie est très stricte sur un bateau, mais le chant permet d’ôter les barrières ! Si l’on a envie de se plaindre de quelque chose, on le chante et cela va arriver directement aux oreilles du capitaine.
Et si l’équipage est vraiment mécontent, alors il s’arrête de chanter, et l’ambiance sur le bateau devient triste. Cela alarme le capitaine qui se fait du souci et va écouter ses marins. Car, une chose qu’il redoute c’est la mauvaise ambiance sur son bateau, on est confiné, isolé du monde, on ne peut pas se permettre de ne pas avoir une bonne cohésion d’équipe et, à quai, plus personne ne voudra travailler dans ce bateau « triste ».
Ce que raconte « Oleanna » ?
Ce chant de 1853 composé par Ditmar Meidell est une critique contre le violoniste et compositeur norvégien « Ole Bull » qui créa une colonie en Pennsylvanie, aux États-Unis, appelée « New Norway » pour les fermiers norvégiens immigrant en Amérique. C’était un échec parce que le terrain choisi se prêtait mal à l’agriculture. Le nom de cette société était « Oleanna » formé de son prénom et de celui de sa mère. Et dans cette colonie est décrite ironiquement :
« Oh, être en Oleanna!
Voilà où je voudrais être,
Que d'être lié en Norvège,
Et faites glisser les chaînes de l'esclavage.
Ole, Oleanna, Ole, Oleanna,
Ole, Ole, Ole, Ole, Ole, Oleanna.
Dans la terre Oleanna est libre,
Le blé et le maïs plantent juste eux-mêmes,
Puis pousser un bon quatre pieds par jour,
Alors que sur votre lit, vous vous reposez. »
Alors, chantons à la maison pour avoir une bonne entente familiale et résoudre les conflits dans la joie et la bonne humeur de ce confinement ! Avec le chant tout est permis !