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Rachel Monnat / Accrosens

Rachel Monnat / Accrosens

Parler de la vie, de la sexualité...


"Stirps Jesse" un chant grégorien

Publié par Rachel Monnat sur 13 Avril 2020, 09:45am

Catégories : #pause musicale, #Video, #la vie, #liberté

Peinture: Cathédrale de Reims de Eugène Galien-Laloue

Peinture: Cathédrale de Reims de Eugène Galien-Laloue

Ce chant est du grégorien composé par Fulbert de Chartres et bien évidemment en latin.

Fulbert de Chartres est né autour de 960 en Italie et il est devenu évêque à la cathédrale de Chartres.

Comment j'ai connu ce chant ?

L’histoire de ce chant remonte en 1999. Je ne lis jamais les journaux… mais un vendredi après-midi je me mets à lire le quotidien de la veille. Je vois un petit encart disant que le samedi (donc le lendemain) commencera un stage de chant médiéval sur six week-ends avec un concert et qu’il y a encore de la place pour s’inscrire. J’ai lu 10 fois l’annonce avant de me dire que c’était vraiment pour moi ! J’aimais chanter, mais je n’avais encore jamais suivi de cours.

Le lendemain, je me vois parachutée dans ce monde. Je connaissais déjà le chant grégorien, car j’allais à la messe en latin. Mais là, je me suis retrouvée dans une tout autre interprétation que le grégorien de Solesmes, avec une directrice « Anne-Marie Deschamps » passionnée, dynamique, nous bousculant pour apprendre à s’ancrer dans le sol, nous disant que le grégorien est un chant joyeux qu’il faut chanter à plein poumon en faisant des gestes pour accorder la voix et le corps, nous expliquant que Fulbert de Chartres était le Michael Jackson de l’époque et le « Stirps Jesse » l’énorme tube ! J’étais bien loin Des Moines de Solesmes !


Le chant grégorien étant transmis dans l’oralité, puisqu’il n’y avait pas de livre imprimé… Anne-Marie nous apprenait les morceaux, sans partition et sans paroles écrites. Moi, qui étais très introvertie et très visuelle pour apprendre et comprendre, j’étais perdue. Quand elle me demandait de chanter devant tout le monde… il n’y avait rien qui sortait de ma bouche… j’étais face à un trou noir ! La directrice nous a donné un enregistrement à la fin de ce premier week-end, pour apprendre tout par cœur, car pas question d’avoir des partitions au concert !

Ce qui m’a plu, malgré ces difficultés, c’était la liberté rythmique. C’était mon grand souci en flûte à bec, de mettre la musique dans les barres de mesure… ça m’a toujours stressée et j’ai toujours décalé. Dans la musique grégorienne, il faut suivre son rythme intérieur, écouter les autres pour être ensemble… c’était libérateur de voir qu’on pouvait faire de la musique sans barre de mesure ! Même si je n’avais rien retenu…

Durant cette période, j’étais en année sabbatique et je travaillais à l’usine. Mon chef m’a demandé un travail de rangement toute seule dans l’immense cave. Il m’a dit que je pouvais apporter de la musique si je voulais. Ni une, ni deux, j’ai amené mon poste de musique, ma cassette de chant médiéval et j’écoutais la musique à fond, en chantant à tue-tête ! Inutile de dire que je suis devenue écarlate quand mon chef est venu me rendre visite et que je ne l’avais pas entendu arriver… il me regardait en souriant…

Le week-end d’après, Anne-Marie était très surprise : je connaissais mes morceaux sur le bout des doigts !

Stirps Jesse était mon premier chant…

Ensuite, j’ai continué les stages de chant médiéval pendant des années…

"Stirps Jesse" un chant grégorien

Le chant grégorien /Fulbert de Chartres

C’est le chant religieux de la liturgie catholique. La base du chant grégorien est monodique chanté seul ou à plusieurs. La polyphonie est venue plus tard, on pense autour du IXe siècle.

 « Stirps Jesse » était une mélodie très connue que Fulbert de Chartres a décliné à en diverses polyphonies qui a été reprise ensuite...

C’est difficile de savoir comment était chanté exactement le chant grégorien. Ce sont les moines de l’abbaye de Solesmes qui l’ont transmis au XIXe siècle en étudiant des manuscrits redécouvert.  
À l’époque on notait la musique avec des neumes, comme des sortes de virgules qui montent et qui descendent, il n’y avait même pas de portée. C’était finalement juste des symboles pour se rappeler comment la musique allait. Les moines de Solesmes ont retranscrit ces manuscrits écrits en neumes en notation moderne.

Ce que j’aime beaucoup dans le chant « Stirps Jesse », toute la musique se situe autour d’une seule note, qu’on ornemente par le haut ou par le bas, parfois une autre note s’impose pour ensuite revenir à la note de base. Donc, ça se chante sur un souffle, une seule ligne mélodique…   

Ce qui est actuellement critiqué dans l’esprit de Solesmes, c’est qu’avec la notation moderne, on perd la fluidité, et on découpe les notes, les hauteurs et cela donne une certaine rigidité.
Les spécialistes de la musique ancienne reviennent aux neumes pour approfondir cette musique.
Mais bien évidemment, sans les moines de Solesmes, le chant grégorien n’aurait pas été redécouvert…

 

Ce que raconte ce chant ?

C’est un chant religieux dédié à la Marie. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours trouvé les chants à la vierge très fort émotionnellement…

Stirps Jesse virgam produxit
Virgaque florem
Et super nunc florem requiescit spiritus almus.
Virga Dei genitrix virgo est, flos Filius ejus.

La souche de Jessé a engendré la tige,
et la tige la fleur
sur laquelle repose maintenant l’Esprit Saint.
La tige est la Vierge mère de Dieu, la fleur son Fils.

 

Sur cette note musicale et religieuse, je vous souhaite un tout bon temps pascal !

"Le Quotidien Jurassien" 10.11.1999

"Le Quotidien Jurassien" 10.11.1999

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