En lisant le roman "Le Service des manuscrits", je suis tombée sur ce magnifique passage qui décrit si bien l'amour... ce saisissement, cette alchimie...
Que se passe-t-il exactement lorsqu'on fait l'amour? Quelle part de soi lâche prise, comme chloroformée dans l'abandon, quelle autre part reste en supra-éveil, attentive au souffle, à la peau, au mouvement, et observe, fascinée, le plaisir s'immiscer dans le corps de l'autre? Les deux parts se rejoignent au moment de la jouissance, qui surgit telle la solution brutale et lumineuse d'une équation que l'on a cherchée à tâtons, à force de caresses, de baisers, de morsures, de positions et de phrases essoufflées. Il paraît que l'hormone de l'état amoureux se nomme la lulibérine. Le cerveau la libère sans prévenir lors du coup de foudre et c'est grâce à elle que l'être aimé acquiert toutes les qualités, pour devenir source de tous les plaisirs et de tous les possibles.