Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rachel Monnat / Accrosens

Rachel Monnat / Accrosens

Parler de la vie, de la sexualité...


On est tous libres et bisexuels !

Publié par Rachel Monnat sur 31 Janvier 2017, 17:44pm

Catégories : #sexualite, #la vie

Maurice de Vlaminck

Maurice de Vlaminck

J’ai découvert un livre tout à fait passionnant, le livre de Thèrèse Hargot, sexologue intitulé : « Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) ». J’aime beaucoup sa façon dont elle aborde 10 thèmes face à ses interrogations sur la sexualité.

Au lieu de faire un résumé de son livre, je préfère partir de ses thèmes et y mettre mon grain de sel.

Dans notre société, on félicite ceux qui font leur « coming out ». Il peut être « heureux », il sait à quelle catégorie il appartient. Thèrèse Hargot remarque que dans notre société, le problème n’est plus d’oser dire ce que l’on est, mais de savoir ce que l’on est hétérosexuel, homosexuel, asexuel, ou bisexuel, etc.
Les questions que les jeunes se posent : « Est-ce qu’il faut tester ? » « Si on a eu du plaisir, une fois, est-ce qu’on l’est définivement ? »

Mais la réalité est complexe !

Or, être ou ne pas être homosexuel, telle est la question qu’il ne faudrait pas se poser. Tout simplement parce qu’ « être homosexuel », ça n’existe pas. Absolument, c’est une pure construction idéologique ! Tu es Marcel, Estelle, Gabriel ou Michelle mais tu n’es pas « homosexuel(le) », ni même « hétérosexuel(le », « transexuel(le »,« bisexuel(le » ou n’importe quelle autre catégorie dans laquelle on voudrait te faire rentrer, si flexible semble-t-elle.
Certes, tu peux avoir un désir amoureux et sexuel envers une personne de même sexe, tu peux avoir des fantasmes en tout genre, tu peux avoir une tendance à te comporter d’une certaine manière, tu peux avoir du plaisir dans telle ou telle situation, tu peux choisir de vivre ta vie intime avec telle ou telle situation, tu peux choisir de vire ta vie intime avec telle ou telle personne… Mais en aucun cas, ces expériences ne déterminent l’être profond ; tout cela relève de l’ordre de la possession, pas de l’existence. L’existence d’un être ne dépend pas de ses désirs, de ses amours, de ses fantasmes, de ses activités sexuelles, de sa situation matrimoniale ou de ses valeurs. Quand bien même ils prennent une place importante dans la vie, la personne ne saurait s’y réduire.

Thérèse Hargot, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), Edition Albin Michel, 2016

En mettant une étiquette, on emprisonne et on retire la liberté.

Au lieu de dire, « Je suis hétérosexuel… », « Je suis amoureux », « Je suis avec.. », le vécu doit apprendre à s’exprimer avec le verbe avoir : « J’ai une attirance sexuelle envers… », « J’ai un sentiment amoureux pour... », « J’ai une relation de couple avec… ». Car je ne suis ni mes attirances, ni mes sentiments, ni mes relations. Par une expression ajustée de la situation au moyen d’un vocabulaire adapté, l’angoisse disparaît: la chose est nommée.

Thérèse Hargot, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), Edition Albin Michel, 2016

Je me rappelle quand j’exerçais le métier d’infirmière. Dans un cours, une musicothérapeute nous avait dit arrêter de dire « Je suis infirmière », vous avez appris le métier, vous avez un papier qui l’atteste, mais ne dites pas que vous l’êtes ! Vous êtes vous-même, quel que soit ce que vous fassiez tout au long de votre vie ! Cela a été la première étape pour me détacher de ce métier.
Quand j’ai arrêté mon métier, mon oncle qui venait d’être à la retraite me dit : même si tu ne travailles plus, tu seras toute ta vie infirmière, comme moi, je serai toujours médecin ! » J’ai répondu « Je ne serai jamais infirmière et je ne l’ai jamais été, j’ai juste un papier qui me permets de l’exercer. ». Il m’a regardée et il n’a rien pu répondre. J’étais fière de ma phrase et ça me soulageait tellement.

Dans mon article « Flexivégétarien ou non-libidoïste », je parlais de ce nombre incessant de terme, de catégorie qui ne cesse de naître pour se sentir « eurêka » quand on a trouvé ce que l’on est ! Comme si l’on avait besoin de sentir ficelé à une catégorie pour être bien.
Comme si l’être humain n’allait jamais changer d’avis…

 

Et pourtant, nous sommes des êtres complexes… depuis de nombreuses années, j’ai ma phrase fétiche « on est tous bisexuel ». C’est un peu provocateur, et nombre d’hommes sautent au plafond en me disant qu’eux en tout ne le sont pas, car il ne pourrait jamais coucher avec un homme. Mais je ne parle pas de coucher… Ce n’est pas parce que l’on se sent plutôt attirée par les hommes, qu’un beau jour, on ne peut pas admirer ou être attirée par une femme ou même en fantasmer...

Un ami qui est un amoureux des femmes, à qui je faisais ma théorie de la bisexualité et qui m’avait répondu « Ah moi, jamais », me dit quelques années après : « J’ai pensé à toi, j’ai couché avec un homme et j’ai beaucoup aimé. » Même s’il est toujours attiré par les femmes…

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Articles récents